Mais, pourquoi moi?

2 juin 2014

Mais, pourquoi moi?

Credit: 1coup2pouce.fr
Credit: 1coup2pouce.fr

La vie de chaque personne  se différencie par la façon dont elle est venue au monde et ses interactions avec son environnement. Chaque vie charrie en elle-même une histoire différente de celle des autres. Certains d’entre nous jouissent du bonheur que leur apporte la vie. D’autres, sont prisonniers de leur passé, jour et nuit, ils s’interrogent sur leur existence. Pourquoi ça arrive à moi ? Pourquoi moi ? Ai-je mérité ça ? Ainsi donc, voici l’histoire de « Jean », dont toute la vie est marquée par cette question : Mais, pourquoi moi ?

Mon nom est Jean. Je vis à Port-au-Prince. J’ai 20 ans, déjà un vieillard prématuré. Mon visage est ridé, mes membres sont faibles et je souffre. Dès fois, je ne me connais plus moi-même à cause d’un passé douloureux qui me hante l’esprit et qui complique ma vie. Je goûte à l’amertume et au chagrin. Fort souvent, pendant que tout le monde dort je suis debout comme un gendarme et quand je ferme les yeux, tous les mauvais souvenirs font surface dans mes pensées.

 

Comment tout a commencé ?

Tout a commencé comme suit : Mes grands-parents me racontaient comment ils vivaient heureux auparavant. Ils avaient une fille comme unique enfant. C’était l’enfant chéri et adoré de la maison. Tout l’amour se convergeait vers elle. On mettait l’accent surtout sur son éducation et son instruction. C’était une jolie petite fille aux yeux bruns, aux cheveux noirs et d’un teint noir. Elle animait la maison, c’était notre joie, notre bonheur et notre espoir. Quand elle souriait, on remarquait ses gencives violettes et ses dents blanches.

A 17 ans, elle n’était plus la petite fille que nous connaissions avant. Elle était en philo (en classe terminale). Elle s’habillait et se coiffait différemment. Elle faisait de nouvelles fréquentations. Elle repliait sur elle-même et pendant les week-ends elle passait tout son temps enfermée dans sa chambre. Son langage commençait à changer.  En ce sens, nous ne pouvions plus accepter ce changement si brusque. Plusieurs fois, nous lui avons réprimandé, mais elle ne voulait pas nous écouter. Malgré tout, elle suivait son nouveau train de vie.

Au fil du temps, la situation s’est évoluée. A l’école, pendant le début du troisième trimestre, les examens officiels avançaient à grand pas. Elle ne pouvait plus assister régulièrement les cours et elle passait tout son temps à l’infirmerie. Elle vomissait, toujours fatiguée et elle grossissait. A cet effet, nous lui faisons voir un médecin. Après tous les tests, le résultat révélait qu’elle était enceinte. Ce fut un scandale pour la famille. Le pire, elle ne voulait jamais dévoiler le père de l’enfant.

Sur ce mon fils, nous étions si furieux, désespérés et déboussolés. Quelle honte, quelle calamité qui planait dans notre vie. Nous avons préféré la mort que de voir notre fille dans cet état. Nous sentions que tous nos efforts et tous nos sacrifices étaient vains. Depuis lors, la maison devenait un enfer. Nous l’avions humilié. Nous la frappions sans penser aux conséquences. Presque chaque jour nous lui reprochions, en lui adressant des propos malsains. Elle était si humiliée. Lui a son tour repliait sur elle-même. Elle supportait tout sans dire un mot. Elle avait mal et son lit est arrosé de ses larmes. Elle sortait de la maison que pour visiter un médecin. Au moment de l’accouchement, elle n’avait plus la force et le passage était bouché. A cet effet,  le médecin lui disait : Mademoiselle nous ne pouvions rien faire, l’accouchement parait plus difficile qu’on le croyait. Soit l’enfant vit ou tu meurs vice et versa. Avant de prendre cette décision, elle nous appelait et nous demandait de lui pardonner. Et, elle nous disait : Prend soin de mon enfant. Puis elle disait au docteur : Que l’enfant vive !  Ainsi donc mon enfant, c’était ses derniers mots.

Pourquoi mon existence

Ainsi donc je suis venu dans ce monde, engendré dans la frustration et dans la douleur. Ma conception même est une honte. Je n’ai pas ma place sur cette terre. Me voici dans ce monde orphelin sans nulle trace de mon père et ma mère qui me hante quotidiennement. Comment fêter mon anniversaire sans penser à ma mère ? Le jour de mon anniversaire, mes grands-parents me regardaient avec un visage de culpabilité. Ses larmes sont mélangées de l’amertume et du chagrin.

Je ressens dans mon corps toutes les douleurs de ma mère. Je porte un lourd fardeau sur mes épaules. Je n’ai pas les mots justes pour traduire mes affects. Chaque fois, je nourris l’espoir de voir mon père. On dirait j’entends sa voix qui m’appelle. Je suis jaloux de voir les autres enfants en compagnie de leur père. Je n’ai plus la force de supporter.   Quand je pense à l’acte héroïque de ma mère, je voudrais prendre goût à la vie. Hélas ! Pourquoi moi ?  Dois-je me confier à une religion ?  Y-a-t-il des spécialistes pour me faire oublier mon passé ?  L’art thérapeutique peut-il me soulager de mes douleurs ?

En cet instant, je sais une chose, c’est que : j’ai mal. Je veux voir mes parents et ils me manquent tellement.

Partagez

Commentaires