Des héros au quotidien

25 mai 2015

Des héros au quotidien

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Quand j’étais en classe primaire, je connaissais tous les héros de l’ indépendance à travers l’histoire d’Haïti. Dessalines, Pétion, Christophe pour ne citer que ceux-là sont des hommes qui ont marqué l’histoire du monde. Ils ont su combattre la plus grande armée de l’époque et l’impérialisme. Ce sont des hommes célèbres. Mes héros étaient seulement des hommes célèbres et des hommes d’histoire.

Maintenant, je vois les choses autrement. Je considère comme héros tous ceux et toutes celles qui se livrent au combat de la vie. La vie est une lutte perpétuelle. Nous tous faisons face à des défis, des problèmes… Il n’ existe pas de vie sans la peur, l’angoisse, la frustration, le stress et la dépression. Nous avons tous un manque. Nous avons besoin d’amour, de l’argent, de la connaissance, du travail… C’est la guerre pour la survie. Je me rappelle mon billet de l’an passé, titré : « Ceux qui vivent sont ceux qui luttent» .

Je me mets dans la peau des hommes qui sont guidés par l’instinct de vie. Je deviens congruent ou empathique pour faire un zoom sur quelques situations de vie. En outre, je suis un éternel observateur.

Qui sont mes héros ?

Ce sont des hommes et des femmes qui triment pour subvenir aux besoins de leurs enfants et de leur entourage. Ils sont ceux qui accordent l’importance à la famille. Ils sont des hommes au foyer, au travail, au marché… Par exemple des cireurs de chaussures, des commerçantes, des femmes ménagères, des contractuels, des marchandes ambulantes… Pour eux, il n y a pas de sot métier. Ils mènent une vie modeste. En dépit de l’inflation, des tensions dans ce monde ils ne renoncent pas.

Je connaissais une mère de 11 enfants. C’était une commerçante. Elle et son mari travaillaient très dur pour élever leurs enfants. Dès l’aube, elle prenait son panier pour aller au marché. Elle ne se sentait jamais lasse. Même quand elle était malade, elle ne voulait pas rester à la maison. Parce qu’elle savait que ses enfants devaient aller à l’école et à l’université. En plus, il fallait les nourrir. Certaines fois, elle ne vendait rien. Ses marchandises étaient brûlées et volées au marché. Elle avait le courage de se tenir debout. Au milieu de ses enfants, elle retrouvait la joie et un soulagement. En qualité de mère sensible, elle supportait même les autres familles qui ne pouvaient subvenir aux besoins de leur famille. Elle disait toujours : « Il faut toujours faire le bien avec les enfants ».

Ce sont des enfants qui se sont livrés à eux-mêmes. Ils sont devenus des enfants adultes. Ils mendient dans les rues. Ils vivent au jour le jour. Certains vendent des sucreries, de l’eau, des légumes pour payer leurs frais de scolarité. Quand vous les entendez, ils ont de grands rêves : devenir médecin, avocat, ingénieur…

Ce sont des étudiants qui sont motivés par la recherche. Ils sont fauchés. Ils n’ont pas les moyens nécessaires. La plupart du temps, ils n’ont de logement. Ils crèvent de faim. Ils sont ignorés par certains. Ils persévèrent, même s’ils constatent que le favoritisme est le meilleur moyen d’obtenir un emploi. Et, leurs compétences ne sont pas toujours prises au sérieux. Mais ils croient que leurs études peuvent tout changer. Ils veulent devenir des gens utiles dans la société.

Ce sont ceux qui ont une croyance, une idéologie et un but. Ils restent eux-mêmes en dépit des tendances et des attraits de ce monde. Ils ne vendent pas leur conscience, leur dignité et leur réputation. Même s’ils sont tentés par les attraits de ce monde, la corruption et la domination, ils ne soumettent pas. Ils changent leur entourage. Ils sont l’icône de la paix. Pourtant, ils ne tiennent jamais un micro. Ils n’ ont jamais physiquement assisté à un sommet, à un colloque mondial. Il n’ y a pas de place pour eux dans un éditorial, dans les journaux et dans les médias.

Tous ces gens et bien d’autres encore m’ont inspiré dans la vie. Ils touchent mon côté humanisme. Dans les moments difficiles, j’entends leurs voix qui me disent : espoir, persévérance, courage, joie, bonheur, ténacité… Ce billet est dédié à tous les héros et héroïnes dans l’ombre qui mènent le combat de la vie. Et, ceux et celles qui veulent devenir un héros ou une héroïne.

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Commentaires

Aboudramane koné
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Chapeau a toutes ses viragos a la fois mère-chef de famille.beau billet

Seydou KONE
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je retiens juste que ceux qui vivent sont ceux qui luttent comme disait Hugo.